mercredi 23 mai 2012

blues en réanimation

      Je suis actuellement interne en réanimation, c'est mon deuxième stage en réa. Je suis donc déja "moulé", j'ai déja apris pas mal de choses et je prend de plus en plus de distance avec l'aspect technique et le stress lié aux différentes urgences auquelles je suis confronté.
     Ce qui m'amène à me rendre compte que les réanimateurs arrivent trop souvent en bout de chaîne, c'est à dire, bien souvent trop tardivement dans la prise en charge. Il n'y a  alors plus beaucoup d'espoir pour mes patients et je me retrouve dans une situation paradoxale ou je réanime mais d'une part, je n'y crois pas ou pas beaucoup, et d'autres part, parfois j'en arrive à souhaiter que ma réanimation soit inefficace, pour laisser "partir" ces personnes à qui j impose beaucoup de souffrances (car la réa c'est beaucoup de souffrances pour les patients).
       On pourrait interpréter ce défaitisme comme une réaction dans une situation d'impasse thérapeutique. Tout le problème est que je commence à avoir un certain recule sur la manière dont les evenements vont se dérouler, et donc; même si je suis encore jeune est ai beaucoup de choses à apprendre, j'ai tout de même un avis qui se forge.
      j'ai donc l'impression que la réanimation est bien souvent un lieu ou l'on acceuille des gens qui vont mourrir et où tous le corp médical se déresponsabilise en pensant faire "tous ce qu'il faut", "donner un maximum de chances au patient", alors qu'en fait les dés sont déja jetés. La vraie difficulté c'est en amont: reperer et adresser plus tôt les patients malades avec un vrai projet de soins et recuser en amont ceux pour qui la réanimation n'est en fait pas la meilleur solution.